Les Fulgurances de Nicolas de Staël
(Nouvelle édition)
À travers cette biographie à la première personne, Karin Müller nous plonge dans la vie passionnante d’un des artistes les plus intransigeants du XXème siècle. Né en Russie, réfugié en Pologne, adopté en Belgique, séjournant au Maroc, en Italie avant de s’établir en France, incompris par son entourage, Nicolas de Staël connaît longtemps une vie de misère et de souffrances. La reconnaissance et l’aisance financière ne l’empêcheront pas de se jeter dans le vide à 41 ans.
Préface de Laurent Greilsamer, auteur du “Prince foudroyé” (Fayard)
Éditions Gimpel & Müller / Date de parution : juillet 2016
Format : 12cm x 19cm / ISBN : 978-2-9533072-9-0
Nombre de pages : 96 / Prix : 6,50 €
Découvrir le 1er chapitre (début)
Je suis né à Saint-Pétersbourg, Russie, en 1914. Je suis le fils du général de Staël von Holstein, le vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul. Un de mes aïeux a épousé Germaine Necker, la fille du ministre des Finances de Louis XVI, la fameuse Madame de Staël. Mon père, Vladimir, sera le dernier chevalier de la lignée. Veuf, il épouse à cinquante-six ans, en secondes noces, ma mère, Lubov, qui a vingt ans de moins que lui. Elle est divorcée en bonne et due forme par l’Église orthodoxe, riche, joue du piano, dessine et conduit une voiture, signe d’indépendance. Elle a pour cousin le célèbre compositeur Alexandre Glazounov, la fierté de la famille.
Un an après leur mariage, naissance de ma sœur Marina, puis deux ans plus tard, le 5 janvier 1914 selon le calendrier grégorien, je viens au monde, et, tel un prince, je suis baptisé dans la cathédrale où reposent les dépouilles des tsars.
Mais la Russie des tsars agonise, l’Histoire est en train d’exploser. Ma sœur Olga naît en 1916, la vie semble encore normale à la maison. Nous courons tous pieds nus, ma mère a lu l’Émile de Jean-Jacques Rousseau, nous vivons avec la nature tandis que les armées se déchirent partout dans le monde. Elle peint des aquarelles et m’apprend à tenir un crayon pour dessiner. J’aime le crissement du plomb sur le papier.
Saint-Pétersbourg devient Petrograd. Dernier souvenir de ma patrie : un domestique me regarde tristement et dit: «Biedni Maïlchnik !» Mon pauvre petit ! Ce qu’il veut dire ? Que le monde ne m’appartient plus. Jamais je n’oublierai cette phrase. Ni l’odeur de la poudre, ni le vacarme, ni les cris des blessés, ni mon oncle Vania assassiné devant la maison, sans raison.
Nicolas II est mort dans un bain de sang. Fin des Romanov. J’ai cinq ans quand nous fuyons la Russie pour la Pologne. Ma mère prend la direction d’une école pour réfugiés mais mon père tombe gravement malade. J’ai huit ans quand il meurt. li est enterré avec les honneurs militaires. Je vois le cercueil ouvert. Ma dernière image de lui, un visage de cire sur un coussin de fleurs et cette main glacée… glacée… que nous devions baiser.
Ma mère s’affaiblit à son tour. Elle tente de préserver autour d’elle une douceur de vivre mais le diagnostic tombe comme un couperet : tumeur cancéreuse au sein gauche. Opération. Morphine. Elle s’enfonce dans un sommeil artificiel. Mes sœurs et moi, nous nous soudons pour affronter l’inexorable. Le rire est notre arme contre les larmes. Notre mère meurt le 20 août 1922 à quarante-sept ans. C’est si jeune ! Marina, Olga et moi sommes orphelins. La mort m’est déjà trop familière. J’ai huit ans, j’ai perdu mes parents, ma maison, ma patrie, mes racines… j’ai tout perdu, il ne reste de ma Russie natale que mes sœurs, uniques témoins de notre bonheur passé.
Nous trouvons refuge à Uccle, en Belgique, chez Emmanuel et Charlotte Fricero. Leur maison est pleine d’enfants. Nous habitons le Neuilly de Bruxelles… Un vieux majordome en gants blancs ouvre la porte : «Qui dois-je annoncer ?» Comme au temps de notre splendeur russe… J’aime cette maison. Les murs regorgent de toiles, d’aquarelles, de dessins. C’est un petit musée, un vrai paradis.
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«J’ai profité du week-end et d’un peu de répit pour lire avec un très, très grand plaisir ce court texte, si vivant, qui vous emporte dans le destin si déchirant et déchiré d’une vie et d’une œuvre. Bravo !»
Frédéric Vitoux, de l’Académie française
«Il fallait y penser : se mettre dans la peau, dans la voix et dans les pinceaux de Nicolas de Staël. C’est ce qu’a fait Karin Müller (…). Le livre résonne comme une longue confidence du “peintre foudroyé et foudroyant”»
Thierry Clermont, Le Figaro Littéraire
«Mené d’une plume alerte, le petit livre de Karin Müller s’est lancé le défi de recréer le monologue intérieur qui aurait pu être celui du peintre (…). Nous voilà tenus en éveil jusqu’au dénouement, aussi terrible qu’irréel.»
Alain Malraux, Service Littéraire
«Grâce à ce livre j’ai découvert Nicolas de Stael comme je ne le connaissais pas… c’est un portait tout à la fois solaire et noir… sensible et intime… on parvient à entendre sa voix comme rarement…»
David Foenkinos
«J’ai lu le Stael, c’est magnifique, formidable, quelle énergie il y a en vous ! Le choix du présent de l’indicatif donne une présence très forte et je ne m’étonne pas que les comédiens se régalent à dire un tel texte.»
David Haziot
«C’est un livre que l’on ne lâche pas. Je suis encore sous le choc, le souffle coupé, la tête qui tourne. Quelle “fulgurance !”»
Sebastien Balibar Directeur de Recherches au CNRS
«Dans cette remarquable biographie, Karin Müller réussit le délicat exercice de retracer la vie du peintre, en y exposant, par strates superposées, là son approche de la peinture et sa technique, ici son tracé sentimental, ailleurs encore les difficultés de son existence, peu à peu diluées par le succès.»
Valérie Debieux, La Cause littéraire (article complet)
«C’est une fulgurance !»
Patricia Martin – France Inter
Le spectacle : écouter les 6 premières minutes…
The Passions of Nicolas de Staël
(épuisé chez l’éditeur = bientôt collector)
Written in the first person, this biography by Karin Müller immerses us in the life of one of the most uncompromising artists of the twentieth century. Born in Russia but soon forced to take refuge in Poland, Nicolas de Staël was eventually adopted by a family in Belgium, subsequently moving to Morocco and Italy before settling in France. Misunderstood by those around him, de Staël spent most of his life in poverty and suffering. Finally achieving recognition and financial security, he nonetheless jumped to his death at age 41.
Preface by Laurent Greilsamer, author of “Prince foudroyé” (Fayard)
Chapter 1 (beginning)
I was born in St Petersburg, Russia, in 1914. I’m the son of General de Staël von Holstein, Deputy Governor of the Peter and Paul Fortress. One of my ancestors married Germaine Necker, the famous Madame de Staël, daughter of Louis XVI’s Finance Minister. My father, Vladimir, is the last of a long line of chevaliers. He was a fifty-six-year-old widower when he married again, this time to my mother, Lubov, who was twenty years younger. The Orthodox church granted her a legally binding divorce;, she was rich, played the piano, sketched and drove a car – a very independent woman. Her cousin was the famous composer Alexander Glazunov, the family’s pride and joy.
My sister Marina was born a year after the marriage, then two years later, on 5 January 1914 according to the Gregorian calendar, I came into the world and, as befits a prince, I was baptised in the cathedral where the Tsars are buried.
But Russia under the Tsars is in its death throes; history is about to change radically. My sister Olga is born in 1916 and life at home still seems normal. We all run around barefoot, my mother reads Jean-Jacques Rousseau’s Emile, we commune with nature while bloody battles are being fought in every corner of the world. She paints in watercolour and teaches me how to hold a pencil to sketch. I like the scratching sound of the lead on the paper.
St Petersburg is re-named Petrograd. One final memory of my country: a man servant looks sadly at me and says: ‘Blednyi Malchik!’ ‘My poor, pale little boy’! What does he mean? That the world no longer belongs to me. I’ll never forget those words. Nor the smell of gunpowder, the din, the cries of the wounded, and my uncle Vania murdered in front of our house, for no reason at all.
Nicolas II died in a pool of blood: the end of the Romanovs. I was five when we made our escape from Russia to Poland. My mother took charge of a school for refugees but my father fell seriously ill. I was eight when he died. He was buried with military honours and I can see the open coffin. My last picture of him – a wax face on a pillow of flowers and that stone-cold hand… stone-cold… that we had to kiss.
Then my mother grows weaker. She does her best to maintain normality around her but the results of her tests are like a bombshell: a cancerous tumour in her left breast. Then the operation. Morphine. She goes into a deep, induced sleep. My sisters and I cling together to face the inevitable – laughter our best defence against tears. Our mother dies on 20 August 1922 aged forty-seven. So young! Marina, Olga and I are now orphans. Already I am too familiar with death. I am eight years old, I’ve lost parents, home, motherland, my roots … everything. All I have left from my native Russia are my sisters, the only ones alive who remember our former happiness.
We take refuge in Uccle, in Belgium, at the home of Emmanuel and Charlotte Fricero. Their house is full of children. We are living in the expensive part of Brussels (like Neuilly in Paris)… An old butler in white gloves opens the door: “Who shall I say it is?” Just as it was in the splendour we once knew in Russia… I like the house. The walls are covered from top to bottom with paintings, watercolours and drawings. It’s a little museum, a real paradise.
My adoptive mother is called Kolia, the Russian diminutive of Nicolas. I call her mummy. My little sister Olga and I turn into little savages, giving rein to all our pent-up feelings in this happy family environment. One day, Marina, our elder sister, catches us jumping up and down on the brand new green baize cloth on the billiard table. But I refuse to get off! I’m the boss! Everybody gives in to me. Maybe it’s because I’m a big ten-year old.
Every Thursday afternoon we attend the Russian school. We learn traditional songs and the history of our country. And of course, we speak Russian. On Sunday mornings we go to the Orthodox church where I just love the smell of the insensé. (Translated by Dr. Cynthia Gamble)
Die Fulgurances Nicolas de Staël
(épuisé chez l’éditeur = bientôt collector)
Durch diese Biographie in der ersten Person, Karin Müller führt uns in das faszinierende Leben einer der konsequentesten Künstler des zwanzigsten Jahrhunderts. Geboren in Russland, Flüchtling in Polen, in Belgien angenommen, der Aufenthalt in Marokko, Italien, bevor er sich in Frankreich, von seiner Umgebung missverstanden, Nicolas de Staël lange bekannt, ein Leben in Elend und Leid. Anerkennung und Wohlstand wird nicht verhindern, dass es auf 41 Jahre in die Vakuum fließt.
Vorwort von Lawrence Greilsamer, der Autor von “Prince eingestürzt” (Fayard)
(Übersetzung: Google)
LE FOLGORAZIONI DI NICOLAS DE STAËL
(épuisé chez l’éditeur = bientôt collector)
Attraverso questa biografia in prima persona, Karin Müller ci immerge nella vita appassionante di uno degli artisti più intransigenti del XX secolo. Nato in Russia, rifugiato in Polonia, adottato in Belgio, vissuto in Marocco e in Italia prima di stabilirsi in Francia, incompreso nel suo ambiente, Nicolas de Staël si trascina a lungo in un’esistenza di miseria e di sofferenza. Il riconoscimento e gli agi della ricchezza non gli impediranno di gettarsi nel vuoto all’età di 41 anni.
Prefazione di Laurent Greilsamer, autore di “Prince foudroyé” (Il principe fulminato), Fayard
Éditions Guéna / Data di pubblicazione : settembre 2011
Formato : 12cm x 19cm / ISBN : 978-2-91832011-1
96 pagine / Prezzo : 9 €
V. le recensioni nella rubrica Médias
Scoprire il primo capitolo (incipit)
«Ho approfittato del weekend e di una breve sosta per leggere con grande, grandissimo piacere questo breve testo, così vivo, che trascina nel destino lacerante e lacerato di una vita e di un’opera. Complimenti!»
Frédéric Vitoux, dell’Académie française
«Bisognava pensarci : mettersi nella pelle, nella voce e nei penneli di Nicolas de Staël. È quello che ha fatto Karin Müller (…). Il libro si legge come una lunga confessione del pittore “folgorato e folgorante”»
Thierry Clermont, Le Figaro Littéraire
«Condotto da una penna attenta, il libriccino di Karin Müller si è lanciato nella sfida di ricreare un monologo interno che avrebbe potuto essere quello del pittore (…) togliendoci il sonno fino alla rivelazione finale, tanto tremenda quanto irreale.»
Alain Malraux, Service Littéraire
«Grazie a questo libro ho incontrato Nicolas de Staël come non lo avevo ancora conosciuto… è un ritratto al tempo stesso solare e tenebroso… sensibile e intimo… si riesce a intendere la sua voce come raramente accède…»
David Foenkinos
«Ho letto lo Staël, è magnifico, formidabile; che energia c’è in voi! La scelta dell’indicativo presente genera una presenza molto forte e non mi stupisce che per gli attori sia una delizia declamare questo testo».
David Haziot
«Un libro che non si abbandona. Sono ancora sotto choc, col fiato tagliato, la testa che gira. Che “folgorazione”! »
Sebastien Balibar, Direttore di Ricerca al CNRS
«In questa notevole biografia Karin Müller esercita il delicato esercizio di ripercorrere la vita dell’artista, alternando a strati sovrapposti il suo avvicinamento alla pittura e alla sua tecnica al suo tracciato sentimentale e alle difficoltà della sua esistenza diluite a poco a poco dal successo».
Valérie Debieux, La Cause littéraire (articolo completo)
«È una folgorazione!»
Patricia Martin – France Inter